Avant toute installation d’un assainissement non collectif (ANC), une étude de sol rigoureuse est indispensable. Elle vise à déterminer la faisabilité du projet, en tenant compte des caractéristiques géotechniques et hydrogéologiques du terrain. Pour cela, plusieurs tests sont réalisés afin d’obtenir une vision complète du sous-sol et de ses capacités d’infiltration.
Les résultats de ces essais conditionnent le dimensionnement du dispositif, le choix du système (tranchée d’infiltration, filtre à sable, etc.), mais aussi le respect de la réglementation en vigueur. Chaque test a un rôle précis dans l’évaluation du terrain. Découvrons ensemble les principaux essais menés lors d’une étude de sol pour ANC.
Test de perméabilité
Le test de perméabilité, aussi appelé essai d’infiltration, est central dans une étude de sol pour ANC. Il permet de mesurer la capacité d’absorption du sol, en évaluant la vitesse à laquelle l’eau s’y infiltre. Cette donnée est essentielle pour savoir si l’épuration naturelle est possible via le sol en place.
L’essai est généralement réalisé dans une fosse de faible profondeur. On y verse de l’eau et on mesure la hauteur d’eau absorbée par heure. Cette vitesse, exprimée en mm/h, est ensuite comparée à des seuils réglementaires pour orienter le type d’assainissement autorisé. Une percolation trop lente ou trop rapide impose des adaptations spécifiques.
En fonction du résultat, il peut être nécessaire d’opter pour un dispositif de traitement secondaire ou un ouvrage spécifique, comme un filtre à sable drainé. Ce test reste l’un des plus déterminants pour garantir la viabilité de l’ANC sur un terrain donné.
Reconnaissance pédologique
La reconnaissance pédologique consiste à identifier les différentes couches du sol, appelées horizons, et à analyser leur nature. Elle permet de mieux comprendre la composition, la texture (argile, sable, limon) et la structure du sol, des éléments essentiels pour juger de sa capacité à filtrer l’eau.
Cette analyse se fait à l’œil nu ou à l’aide d’un pénétromètre, souvent au sein d’une fosse pédologique. On évalue également la présence d’hydromorphie, de traces de saturation en eau ou de croûtes ferrugineuses, signes d’une faible perméabilité. Ces éléments orientent fortement le choix du système à mettre en œuvre.
Analyse de la topographie du terrain

L’analyse topographique consiste à étudier la configuration naturelle du terrain, notamment ses pentes, reliefs, et zones de ruissellement. Cet examen est crucial, car il conditionne la circulation de l’eau, tant en surface qu’en profondeur, et permet d’éviter les zones à risque.
On identifie les pentes fortes, les dépressions naturelles, ou les zones d’érosion potentielle. Ces éléments sont indispensables pour implanter correctement les ouvrages, en veillant à ne pas favoriser l’accumulation ou la stagnation d’eau autour des habitations.
Les éléments observés lors de l’analyse sont :
- la direction des écoulements naturels ;
- la présence de talwegs ou zones creuses ;
- les risques d’inondation ou de ruissellement rapide.
Un terrain trop en pente peut imposer la mise en place de dispositifs étagés, voire de systèmes de rehaussement ou de drainage.
Sondages manuels ou à la tarière
Les sondages manuels ou à la tarière sont des explorations verticales du sol, réalisées à la main ou à l’aide d’outils motorisés. Leur objectif est d’identifier la profondeur des différentes strates, la présence éventuelle de roches, d’obstacles, ou encore de couches imperméables.
Ce type de sondage permet d’estimer la profondeur utile pour la pose du système d’ANC, notamment pour l’épandage ou le filtre à sable. Il sert aussi à repérer la proximité d’une nappe phréatique, qui rendrait inadapté un système d’infiltration directe. Les données recueillies permettent d’assurer une implantation sans risque, tout en respectant les contraintes géologiques du site.
L’essai à la plaque
L’essai à la plaque mesure la portance du sol, c’est-à-dire sa capacité à supporter une charge sans s’affaisser. Ce test est parfois réalisé pour des installations d’ANC où un dispositif lourd ou accessible à des véhicules est prévu (ex. : fosse sous voie d’accès).
Il consiste à appliquer une charge croissante sur une plaque métallique posée au sol et à observer les déformations provoquées. Ces mesures permettent de calculer le module de déformation du sol, indicateur clé de sa stabilité. En cas de portance insuffisante, un renforcement ou une adaptation de la structure sera nécessaire (fondation renforcée, dalle, etc.).
Recherche de nappe phréatique saisonnière
Dans certains cas, la recherche de nappe phréatique est indispensable, surtout sur des terrains à risque ou dans les zones humides. Pour cela, un piézomètre est installé afin de suivre les variations du niveau d’eau au fil du temps.
Ce dispositif permet de détecter la présence d’une nappe temporaire ou saisonnière, qui pourrait compromettre l’efficacité du système d’ANC, voire provoquer une pollution de la nappe souterraine. En période de hautes eaux, une mauvaise implantation pourrait conduire à un refoulement ou à une contamination.
Cette observation sur le long terme complète les données ponctuelles des autres tests et permet d’anticiper les risques hydrogéologiques du site. Elle est particulièrement importante en zone alluviale ou en terrain sujet à l’inondation.
Analyse granulométrique ou de teneur en eau

Une analyse granulométrique ou de teneur en eau peut être demandée pour affiner l’étude, en particulier lorsque les premiers résultats sont ambigus. L’objectif est d’évaluer la proportion des différentes particules dans le sol (graviers, sables, limons, argiles).
Ce test de laboratoire permet de déterminer la capacité de rétention d’eau, la porosité et la facilité d’infiltration. Un sol trop fin (argileux) aura une faible perméabilité, tandis qu’un sol trop grossier (sableux) laissera passer l’eau trop rapidement.
L’analyse permet donc de compléter les observations de terrain et de confirmer le type de filière d’assainissement envisageable. C’est un outil de vérification et d’optimisation, qui garantit un projet fiable et bien dimensionné.
Conclusion
Une étude de sol pour ANC repose sur une série de tests complémentaires, chacun jouant un rôle précis dans la compréhension du terrain. Test de perméabilité, reconnaissance pédologique, sondages, mesures de portance ou recherche de nappe phréatique, tous ces essais permettent de concevoir un dispositif d’assainissement autonome fiable, durable et conforme à la réglementation. Pour chaque projet, une étude bien menée reste la clé d’un ANC fonctionnel et pérenne.